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Personne :
Guénette, Maryse

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Guénette

Prénom

Maryse

Affiliation

Université Laval. Faculté des lettres

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ncf10226889

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  • PublicationAccès libre
    Femmes, solitude et société à Manosque au XIVe siècle (1314-1358)
    (1987) Guénette, Maryse; Lavoie, Rodrigue
    L'utilisation en détail d'archives judiciaires conservées pour la ville de Manosque de la première moitié du XIV siècle n'a pas servi ici à une étude sur la justice canne technique de répression. Bien sûr, le but premier de cette documentation est de retracer et de mémoriser les comportements criminels en les rendant publics, permettant ainsi de déceler et de quantifier plus ou moins facilement les valeurs et variables délictuelles. Mais au-delà de cette lecture classique, les archives criminelles offrent la possibilité de cerner certains phénomènes particuliers. La solitude féminine en est un; à travers la diversité des situations où elle se vit, elle fournit une approche problématique éclairante à" l'étude d'une société en relation avec les conditions qu'elle génère. Si certains principes sont globalement acceptés par la collectivité manosquine, celui de la solitude au féminin est pour sa part dénoncé et rejeté. Il ne peut être admis, car vivant seules, ces femmes n'entrent pas dans les normes reconnues; non seulement elles ne sont pas mariées, mais elles ne présentent pas cette nécessaire référence masculine. Elles n'ont d'autre garantie à offrir que leur solitude. Cette dernière devient alors le pôle central de leur existence, l'élément autour duquel s'articulent et s'expliquent les différentes attitudes adoptées par la collectivité à leur égard. Puisqu'elles ne se conforment pas aux modèles établis, les femmes seules sont marginalisées; les mécanismes et les conditions de cette marginalisation apparaissent au fil des documents. La collectivité met en place un processus de désignation, basé essentiellement sur des critères négatifs; corme ces femmes ne peuvent fournir de référence officielle, c'est leur solitude qui servira à les désigner. En les identifiant comme "femmes sans homme", non seulement on publicise leur état, mais on rend également officielle leur non intégration au réseau habituel des solidarités, ce qui a pour conséquence de les exposer plus facilement à la violence puisqu'elles ne sont pas protégées. Par leur mode de vie, les femmes seules se sont exclues des mécanismes fonctionnels de la communauté, justifiant par là-même les attitudes d'exclusion adoptées par la collectivité. Leur sociabilité apparait vécue à deux niveaux: tout d’abord, celui de la collectivité où elles vivent, mais aussi et surtout du fait de leur état; c’est leur solitude qui explique les conditions dans lesquelles se déroule leur vie. Bien sûr, la question de l’honneur sexuel est importante, mais elle n’apparait pas fondamentale. Plus que de défendre leur réputation il est important pour les femmes seules d’assurer leur subsistance et leur protection. La solitude explique ici encore leur délinquance; en les confinant à la pauvreté, elle fait des délits économiques la principale composante de cette délinquance. Elle les oblige également à assurer seules leur défense, et le nombre d’accusations d'agressions, tant physiques que verbales, portées centre ces femmes montre bien le besoin qu’elles ont de se protéger, d’autant plus qu’elles sont très souvent la cible de violences physiques plus ou moins graves. Les conditions de vie auxquelles font face les femmes seules les poussent souvent à changer de lieu de résidence, et de fait une population flottante assez importante, constituée d’étrangères, de vagabondes et de prostituées, est présente à Manosque dans les années retenues. L’errance apparait alors comme un mode de vie consécutif à la Solitude et à la pauvreté; il n’est pas choisi par les femmes seules, mais généralement imposé par les attitudes collectives adoptées à l’égard de ces déméres. Ces femmes éveillent d’autant plus la méfiance qu’elles mêlent l’embauche temporaire et la prostitution au vagabondage, au gré des circonstances; elles ne sont pas enracinées dans un milieu fixe. L’espace urbain dans lequel s'insèrent les femmes seules génère une sociabilité à la mesure de ses habitants; ce sont les habitudes de vie qu’ils se créent, les valeurs qu’ils se reconnaissent et les structures collectives qu’ils se donnent qui déterminent les conditions de leur existence sociale. Plus encore que de leur propre perception, l’existence des femmes seules dépend des attitudes pratiques et mentales de leur entourage. Se plaçant à l’extérieur de l’espace social normatif admis par le groupe, les femmes seules rompent le "contrat implicite" qui les lie à la communauté et sont ainsi reconnues isolées par leur différence. Elles sont acceptées au sein de la collectivité, à condition toutefois qu’elles ne réclament pas une reconnaissance morale et qu’elles acceptent de voir leur différence publicisée. En ce qui les concerne, il ne saurait être question d’une quelconque égalité sociale.